La récente réunion des dirigeants du G7 en juin 2021 a suscité un débat sur les pratiques actuelles en matière de divulgation des risques climatiques par les entreprises aux régulateurs et aux investisseurs.
Le G7 est l’acronyme du « Groupe des Sept », un forum intergouvernemental composé du Canada, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis.
Ils ont discuté de la nécessité de rendre obligatoires les divulgations des risques climatiques. La raison en est que l’approche volontaire ne fournit pas suffisamment d’informations aux parties prenantes. Ils ont convenu de confier aux banques et autres grandes entreprises la responsabilité de divulguer plus complètement aux actionnaires leur exposition aux risques climatiques.
Par conséquent, il est clair que les décideurs politiques s’accordent sur le fait que les actionnaires méritent de connaître les impacts du changement climatique sur leurs investissements.
Les entreprises doivent donc commencer à se préparer à fournir les informations requises aux investisseurs et aux parties prenantes, autrement dit aux « acteurs du marché. »
Un manque actuel de données
Depuis un certain temps, les entreprises et les pays s’engagent à atteindre la neutralité carbone dans les prochaines décennies. Cependant, il existe un décalage pour les investisseurs (tant institutionnels qu’individuels) qui ne comprennent pas les engagements financiers et opérationnels nécessaires aux entreprises pour atteindre leurs objectifs.
Au cœur de ce décalage se trouve un manque d’information. La France a ouvert la voie en rendant obligatoire pour les entreprises la déclaration des risques climatiques.
La communication des pays du G7 propose que les divulgations obligatoires soient effectuées conformément aux recommandations du Groupe de travail sur les informations financières liées au climat. Le TCFD a été formé en 2015 par le Conseil de stabilité financière dans le but de développer des normes de divulgation financière liées au climat à suivre par les entreprises au bénéfice des investisseurs, des banques, des régulateurs et d’autres parties prenantes.
Et si les pays du G7 suivent cette approche, l’idée sera probablement étendue aux pays du G20 et deviendra éventuellement une pratique internationale.
Recommandations de la TCFD
Alors, qu’est-ce qui nous attend ?
Le TCFD recommande que toutes les organisations détenant des dettes publiques et des capitaux propres mettent en œuvre ses normes de reporting sur la divulgation des risques liés au climat afin de faciliter la compréhension et l’évaluation de l’exposition aux risques.
Les recommandations du TCFD sont largement applicables à travers les secteurs et les modèles d’entreprise, et s’appliquent également aux gestionnaires d’actifs, aux régimes de retraite, aux fonds de dotation et aux fondations. Lors de la décision sur ce qu’il faut rapporter, le TCFD recommande que les organisations appliquent le même critère qu’elles utilisent pour évaluer l’importance relative dans les rapports financiers.
Qu’est-ce que « l’importance relative ? » Cliquez ici.
Ils préconisent en outre que les informations publiées fassent partie des rapports financiers annuels des organisations et couvrent la même période.
Impacts financiers des risques et opportunités liés au climat
Le TCFD reconnaît que l’impact du changement climatique diffère selon les secteurs, la géographie, l’industrie et le modèle d’entreprise. De plus, les impacts ne sont pas toujours clairs ou immédiats.
De nombreuses organisations ont une connaissance limitée des risques liés au changement climatique et leur identification est un défi. Les organisations ont tendance à avoir une perspective à court et moyen terme, ce qui peut être en contradiction avec le risque de changement climatique car il s’inscrit dans un cadre temporel plus long.
Les entreprises seront de plus en plus appelées à être conscientes des risques et opportunités spécifiques liés au climat qui sont importants pour leurs parties prenantes.
Et, une fois identifiés, les risques doivent être classés comme étant soit de transition, soit physiques –
- Les risques physiques sont ceux qui pourraient entraîner des perturbations dans les activités de l’entreprise en raison d’événements tels que des inondations ou des sécheresses.
 - Les risques liés à la transition comprennent les changements politiques et juridiques, les changements technologiques dus au changement climatique et/ou les atteintes à la réputation liées au passage à une économie à faibles émissions de carbone.
 
D’autre part, il existe des opportunités pour trouver des moyens pour une entreprise d’utiliser plus efficacement ses ressources, de meilleures sources d’énergie, de nouveaux produits et services, et de nouveaux marchés.
La quantification du risque est un autre défi majeur pour les organisations. Pour obtenir une quantification correcte, les organisations doivent considérer à la fois les éléments du compte de résultat et du bilan.
Ce sont des points positifs ! Les risques de transition et physiques peuvent avoir un impact sur la demande et les revenus.
La réponse aux risques climatiques affectera les dépenses et les organisations pourraient devoir revoir leurs structures de coûts. De nouveaux investissements en capital seront-ils nécessaires ? Ces informations seront très importantes pour les investisseurs actuels et potentiels.
Le niveau d’exposition aux risques climatiques et la résilience démontrée dans les plans de réponse influencent la volonté des investisseurs de détenir des dettes ou des capitaux propres dans l’entreprise.
Informations recommandées
Le TCFD a divisé ses recommandations de divulgation en quatre domaines thématiques.
Le premier concerne la gouvernance – où les organisations doivent décrire le type de surveillance que le conseil d’administration exerce sur les opportunités et les risques liés au climat. Elles doivent également expliquer le rôle de la direction dans l’évaluation de ces mêmes éléments.
Le deuxième est la stratégie – où les organisations doivent détailler les risques et opportunités à court, moyen et long terme qui ont été identifiés autour des transitions climatiques. L’explication doit mettre en évidence l’impact des risques et des opportunités sur l’entreprise, la stratégie et la planification. Un plus est de montrer à quel point l’entreprise peut être résiliente dans différents scénarios.
Le troisième élément est la gestion des risques. Le TCFD recommande aux organisations d’informer les parties prenantes de leur processus d’identification, d’évaluation et de gestion des risques liés au changement climatique. Comment l’ensemble du processus s’intègre-t-il dans la stratégie globale de gestion des risques de l’organisation ?
Le dernier domaine concerne les indicateurs et objectifs utilisés par l’organisation pour évaluer les risques et les opportunités.
Principes pour une divulgation efficace
La TCFD a publié des principes pour une divulgation efficace des risques climatiques par les organisations.
- Les informations à fournir doivent être pertinentes. Cela signifie que les informations doivent porter sur les risques et les opportunités, ainsi que sur leur impact sur les entrées et sorties de trésorerie futures de l’entreprise. Les informations non significatives doivent être omises. Et ce qui est inclus doit être détaillé afin d’aider le public à effectuer des évaluations appropriées.
 - Les informations à fournir doivent être spécifiques et complètes. Toutes les informations qualitatives et quantitatives pertinentes doivent être incluses afin d’aider les parties prenantes à porter un jugement approprié.
 - Clarté, équilibre et compréhensibilité. Toutes les informations doivent être fournies avec l’intention d’informer les parties prenantes et non de les embrouiller. Il ne suffit pas de satisfaire aux exigences minimales. Les organisations doivent aller plus loin pour atteindre les parties prenantes ordinaires qui n’ont peut-être pas les connaissances techniques nécessaires pour comprendre des termes, des phrases ou des références sophistiqués.
 - Cohérence des informations à fournir au fil du temps. Cette cohérence doit permettre aux utilisateurs de déterminer le type d’évolution qui a eu lieu au sein de l’organisation pour répondre aux risques et aux opportunités liés au climat. En outre, les organisations doivent fournir des informations de manière à permettre des comparaisons avec d’autres entreprises du secteur.
 
Ces principes reposent sur la reconnaissance du fait que les approches en matière d’information financière sur les risques climatiques sont susceptibles d’évoluer au fur et à mesure que de nouvelles informations seront disponibles, mais qu’elles ne seront pas contradictoires car les principes sont cohérents avec les cadres acceptés en matière d’information financière.
Quelle est la prochaine étape ?
Les autorités réglementaires de plusieurs pays de premier plan conviennent désormais qu’il est important de divulguer aux parties prenantes de l’entreprise, en particulier aux actionnaires, des informations sur les risques et les opportunités liés au climat.
Par conséquent, les organisations financières et leurs homologues dans les domaines de la durabilité, de la responsabilité sociale et de la gestion des risques seraient avisés de commencer à se préparer à la divulgation obligatoire des risques liés au climat dans leurs rapports annuels.
											
				
													

